jeudi

Live fast, die young

Les pandas sont des gens délicieux.
[Pourtant ils sont voués à disparaître étant donné leur tempérament autodestructeur. Les pandas n'ont même plus envie de faire des bébés. Ils restent là, assis bêtement par terre à mâchonner le pauvre morceau de bambou qui a depuis longtemps remplacé leur menu originel: de la viande fraîche et saignante. Le panda n'a pas toujours été ce sympathique et apathique animal mignon et pelucheux. J'imagine qu'autrefois le panda était le Freddy Krüger de la jungle asiatique, dévorant d'innocentes et délicieuses bestioles et répandant le sang et la terreur dans toute la forêt.]
"'Faut taper dans l'absurde au début, ensuite tu rembrayes dans du surréaliste puis tu te vautres dans un lyrique alambiqué à l'excès" m'a dit Arthur. En fait à la base je voulais raconter ma vie d'étudiante. Car, tel le panda, l'étudiant change lui aussi d'alimentation, lui aussi devient mou, amorphe, vautré, et il se plaint quand il a quinze heures de cours par semaine (dont il sèche la moitié). Chaque respiration devient une bouffée de fumée, chaque gorgée une bouteille de bière, chaque pas une note de musique qu'il écoute, le casque vissé sur les oreilles dans les transports en commun pour se faire sa propre bande originale. La musique est devenue sa drogue numéro 1, la seule qui soit gratuite et inoffensive. La drogue plus la musique c'est encore mieux. Après une dure journée de trois heures de cours, notre panda-étudiant rentre chez lui éreinté, s'affale auprès de ses colocataires, ses camarades d'infortune, et jette son foie dans la première bouteille de whisky bon marché venue, ses poumons il les effrite avec un peu de tabac et d'herbe, et fume sa jeunesse comme un panda voué à l'extinction.

Aucun commentaire: